Accueil > Recherches > Continuum Computationel > Plateformes de conception > Littérature comparée des logiciels de conception : une analyse par (...)
Conséquence de la digitalisation du métier d’architecte, amorcée avec la CAO dans les années 90, suivi par le computational design et le BIM dans les années 2000 (en un mot, ce que Mario Carpo a nommé le digital turn (Carpo, 2012), la conception architecturale en 2022 se fait largement via l’utilisation d’outils numériques.
Ces logiciels sont porteurs d’une technique, mais aussi d’un imaginaire, de préceptes, parfois implicites. Via les fonctionnalités qu’ils proposent, ils vont à la fois augmenter la matrice de conception de l’architecte qui les utilise, et paradoxalement en réduire l’amplitude : ils enjoignent l’utilisateur à certains dispositifs de conceptions, tandis qu’ils en empêchent d’autres. Cela peut conduire à des frustrations de la part des architectes, comme en témoigne la lettre ouverte aux CEO d’Autodesk, signée en juillet 2020 par un collectif de cabinets d’architectes anglais à portée internationale (dont celui de la starchitecte Zaha Hadid).
Un logiciel de conception a donc toujours un scope et des limites, qui sont rarement explicités ; leur explicitation est l’objet de cette recherche.
En effet, il serait bénéfique de construire une base de connaissance neutre, dépassionnée, ouverte aux professionnels, aux étudiants et aux chercheurs, sur le sujet de ces logiciels de conception, commerciaux et open source. Mener une analyse comparée de ces outils permettrait aux architectes de les choisir de manière éclairée, et d’être mieux armés vis-à-vis des éditeurs de logiciels commerciaux ; mais aussi de promouvoir une meilleure connaissance de l’offre opensource et d’en encourager le développement.
Quatre cadres d’analyse des logiciels de conception sont envisagés : leur sémantique (les mots, les champs lexicaux, mais aussi les images, icones, pictogrammes), leur interface (expérience utilisateur visée), leur fonctionnalités (famille de fonctions, performance, présupposés implicites), et leur contexte d’édition (histoire, business model de l’éditeur).
Ces 4 cadres d’analyse seront déployés sur un aspect précis de 5 logiciels couramment utilisés en conception architecturale : l’incipit, c’est-à-dire, ce qui s’ouvre à l’utilisateur après ouverture d’un fichier vierge, et la documentation à laquelle il accède pour le guider. Le postulat de cette étude est que le degré zéro de l’utilisation d’un logiciel en dit long sur son programme ; ainsi, seront analysés comparativement ces données triviales que sont les templates de logiciels, et les vidéo-tutoriels basiques et autres guides quickstarts.