Accueil > Recherches > Philosophie des sciences de/pour la conception > Décrire des processus de conception > Référence et objets non encore existants
La conception architecturale est une activité s’occupant d’objets qui n’existent pas encore, au sens où les édifices et les espaces ne sont pas encore réalisés, construits, au moment où l’architecte les élabore en pensées. Par ailleurs, l’activité de conception se base sur une opération fondamentale de référence, c’est à dire de renvoi à des réalités (site, vues, géographie, techniques constructives, modèles...) qui informent le processus de projet ; l’embrayent. Mais certaines de ces références pointent vers des référents absents (usagers notamment).
Ces traits caractéristiques rapprochent l’étude de la conception de certaines questions épineuses traitées depuis longtemps par la philosophie analytique : quelle réalité attribuer aux inexistants ? qu’est-ce que "faire référence" lorsque le référent n’existe pas ? ... et permet de penser nouvellement, à partir d’une perspective analytique, la conception architecturale : comment la notion de fiction permet de comprendre le rapport de la conception à la réalité ? comment les théories de la référence nous permettent de comprendre les discours des concepteurs ? la conception peut-elle être comprise comme une attitude propositionnelle, une modalité ou relève-t-elle d’une logique non-classique ?
En retour, le fait que les objets architecturaux n’existent pas encore, relève d’un statut légèrement différents des licornes ou cercles-carrés - dont traite habituellement la philosophie analytique - qui n’existent tout simplement pas. La visée de la réalité, l’embrayage, fait de la conception une activité singulière, dont la synthèse réelle, pourrait informer utilement la philosophie analytique.
Pour aller plus loin, voir les productions :
Louis Vitalis, « D’une carence référentielle dans le programme de conception architecturale »